Sunday, November 14, 2010

Bulang Shan

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    Bulang Shan est une petite ville située au sud de Menghai, à une poignée de kilomètres de la Birmanie. Bien qu'elle soit déservie par deux bus quotidiens, cette petite ville est sans doute la plus reculée du Banna.


    La route pour se rendre à Bulang est très agréable pour les yeux, un peu moins pour le dos. On y traverse plusieurs villages typiques Bulang et de très jolis paysages. On se sent tout petit par rapport à l'immensité de la forêt. C'est un trajet que je recommande pour les touristes de passage.


    Cette région du Banna est particulière. On sent la distance avec la ville et la proximité avec la Birmanie. Les trafiquants de drogue sont aussi assidus que les amateurs de thé dans cet endroit mystique.

Bulang Xiang
    La plupart des Bulang du Banna vivent dans cette région. On y compte de nombreux villages. Il me faudra beaucoup de visites pour les explorer tous. Cette fois ci, j'ai choisi de me diriger vers la frontière, au sud ouest.
Xin Nan Dong, route de Menghai
     Le long de la route, on aperçoit des plantations, encore des plantations, toujours des plantations. On pourra croiser quelques grands arbres aux alentours de Xin Nan Dong mais rien de bien impressionnant.

Arbres à Ku Cha

     Dans le sud ouest de Bulang, très peu de biodiversité. Les villages, par contre, sont très préservés. Malgré l'éloignement de la zone, les locaux sont très accueillants, même si beaucoup parlent très mal mandarin. J'adore la mentalité des gens dans ces zones reculées, on est loin de la Chine...

Lao Zhang Jia
    Quand on quitte la route de Menghai, cela devient très chaotique. C'est presque plus confortable de se déplacer à pied qu'en 4x4.

Vive la DDE!

    15 kilomètres plus tard, arrivée à Lao Zhang Jia. Ce village est magnifique. Dans le creux d'une montagne, entouré de forêt conservée et ouvert sur une vue splendide de la vallée Sino-Birmane.

Architecture typique du Sud du Banna
La vallée marque la frontière entre la Chine et la Birmanie
    Cette zone est en majorité occupée par de jeunes arbres allant de 1 à 40 ans. Chaque année, on en plante de nouveaux. On pratique aussi le bouturage: les villageois vont chercher des arbres à Ku Cha (thé amer) en Birmanie, à deux heures de moto, puis les plantent aux alentours du village.

Tai Di en folie!

Boutures de Ku Cha plantées récemment

    La plupart des grands arbres de cette zone produit du Ku Cha, ce thé particulièrement amer qui fait la réputation de Bulang. Il faut bien garder en mémoire que c'est une variété de théier particulière. Un thé de Bulang n'est pas forcément plus amer que d'autres terroirs.

高山云雾出好茶

    Par contre, ce qui est notable dans les thé du sud ouest du Banna, c'est le Huigan très profond.
    Le Huigan, c'est cette sensation agréable au niveau de la gorge. Assez difficile à décrire, un peu comme si la gorge envoyait des arômes vers le palais. On déguste le thé depuis l'intérieur du corps en quelque sorte. Dans les thés de qualité, cette sensation peut persister plusieurs heures. C'est en partie ce qui fait la réputation du terroir de Lao Ban Zhang.

Tuesday, November 9, 2010

Un matin à Banpen

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    En général, on récolte les feuilles pendant la journée puis les traite à la tombée de la nuit. Pour des raisons pratiques, il arrive que certains producteurs fassent la manufacture le matin. Voici un petit exemple, dans le village Lahu nommé Banpen, à deux pas de Lao Banzhang.


    Dans ce village, il n'y a que trois ateliers de traitements. Ils achètent les feuilles fraîches aux autres familles puis les traitent dans leurs grands ateliers. Ce modèle permet un traitement plus rigoureux des feuilles, qui sont accueillies dans de belles infrastructures.

    Les feuilles fraiches ont patienté toute la nuit. Leur heure est venue...


    Tout d'abord, on met les wok à chauffer. Le contrôle du feu est très important, trop et les feuilles risquent de cuire au fond du wok; trop peu et la réduction sera trop lente. J'adore ce moment où la fraicheur matinale se fait oublier au coin du wok. La nature s'éveille lentement, le chant des oiseaux s'associe au crépitement du feu...


    On traite les feuilles fraîches par fournées de deux ou trois kilos. Le sha qing fait en wok va durer quelques minutes. Chaque personne a sa technique: certains le font à feu doux, en brassant lentement les feuilles, d'autres préfère une température plus élevée et remuent énergiquement les feuilles.


    Une odeur magique se dégage, on peut la retrouver quelquefois dans de très jeunes thés. Ce parfum végétal est aussi un repère pour l'artisan. Il faut savoir arrêter le sha qing au bon moment. Pas assez et les feuilles auront un goût végétal caractéristique couplé à de l'acidité; trop et elles auront un goût de brûlé. Il n'y a pas de chronomètre, tout se fait à l'oeil et au toucher.


    Ici, l'artisan n'utilise pas de gants, je me demande bien comment il fait. Le wok est très chaud et il faut presque en toucher le fond pour éviter que des feuilles ne prennent sur les parois. Même avec des gants, cela reste délicat. Il faut de l'entraînement pour ne pas se brûler. On ressort souvent trempé de sueur d'une séance de sha qing. Quand on manufacture à la main, il faut vraiment donner de sa personne pour obtenir un bon thé.

    Quand on sort les feuilles du wok, elles sont légèrement poisseuses, il faut s'assurer que l'eau s'évapore au maximum. On éparpille les feuilles sur une grande natte en bambou tressé. Après quelques minutes de repos, on passe à l'étape du roulage. Ici, les feuilles sont d'abord passées dans une petite machine à rouler puis elles sont massées à la main.


    Une fois le roulage terminé, place au séchage. Dans cet atelier, un bâtiment lui est spécialement consacré. Les feuilles sont légèrement roulées à nouveau afin de d'obtenir un mao cha agréable à l'oeil. Elles sont ensuite étalées dans des jattes puis mises à sécher sous un toit transparent.


    Les feuilles vont rester ainsi jusqu'à ce qu'elles soient suffisamment sèches. Cela dépend beaucoup de la météo. Si le ciel est dégagé, elles seront retirées le lendemain.

 
...

 
Le soleil est maintenant haut dans le ciel, les cigales chantent, les habitants boivent la soupe matinale dans la rue, les premières cigarettes s'échangent... un autre jour s'est levé sur Banpen.