Nan Nuo est la montagne la plus facile d'accès.  Elle se trouve à mi-chemin entre Jinghong-la capitale du Xishuangbanna- et  Menghai:la ville du Pu Er et des manufactures. Etant donné cette situation  géographique avantageuse, c'est aussi une montagne très visitée et mon visage  d'occidental n'a que peu d'effet sur les locaux: ils en voient presque tous les  jours!
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| Si Tou Zhai, un village dans l'ouest de Nan Nuo Shan | 
Les habitants de Nan Nuo sont Hani, une  minorité ethnique majoritaire dans le Banna. Dans les Hani, il y a deux sous  groupes: Aini et Aka. A Nan Nuo, ils sont Aini. Il y a de quoi se perdre avec  les minorités et les dialectes. 
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| Cueilleuse de thé Hani en tenue de combat | 
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| Porte d'entrée traditionnelle d'un village Hani | 
En 2007, on recensait 17 hameaux et 930  maisons. L'altitude oscille entre 1200m et 1400m. Sur cette petite chaîne de  montagnes, on observe une grande biodiversité: bambous, maïs, très vieux arbres,  bananiers sauvages...  
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| Certains arbres atteignent une taille impressionnante | 
Beaucoup de cigales, mais impossible de se  croire en Provence. Leur chant est différent; assez comparable au bruit d'une  disqueuse. Si on est attentif, on pourra observer des serpents se faufiler  discrètement entre les herbes... ou bien un troupeau de vaches ruminant  paisiblement au milieu des vieux théiers.
Le théiers qui poussent sur Nan Nuo sont d'une  variété à feuilles moyennes: plus petites que les feuilles d'Yi Wu par exemple  et assez velues.
Les agriculteurs distinguent trois qualités de  thé: 
Le Gu Shu: des théiers centenaires qui sont le  plus souvent dans la forêt. Ils ne sont pas taillés, ce qui rend la récolte plus  difficile puisqu'il faut grimper sur ces arbres de 2 à 5m. L'environnement  protège l'arbre des maladies et des parasites, il n'y a donc pas besoin de  traiter le théier avec des produits phytosanitaires.
Le Shen Tai: Ce sont des théiers de moins de  cent ans qui grandissent eux aussi dans un environnement naturel. Il sont  souvent taillés pour rendre la récole plus facile. Tout comme le Gushu, la  biodiversité protège le théier des maladies et l'usage d'engrais est proscrit.
Le Tai Di: théiers de plantation, le plus  souvent organisé en terrasses. Je n'ai jamais vu de vieux Tai Di car il me  semble que c'est une technique de culture assez récente. Les plus vieux avaient  une cinquantaine d'année je crois. Sur Nan Nuo, on peut en voir des collines  entières. Sur certaines, il n'y a que des théiers tandis que d'autres gardent  une certaine biodiversité. La disposition en escalier et la taille des théiers  rend la récolte très facile. Ce type de culture est plus vulnérable aux  parasites et autres maladies, les théiers sont donc traités. J'essayerai de  collecter plus d'information sur le sujet.
Cette montagne est très facile d'accès, les  routes sont bien entretenues, la population accueillante et les villages assez  proches les uns des autres. On peut voir très facilement de vieux théiers; c'est  la destination privilégiée pour les amateurs de thé de passage dans le  Banna!





"En 2007, on recensait 17 hameaux et 930 maisons"...
ReplyDeleteSoit un cinquantaine de maisons par hameau, c'est la pleine campagne.
Est-il vrai que certains Camélia Sinensis sont entourés de Camphriers pour créer un anti-insect naturel?
Encore des infos très intéressantes, merci William. Je sais que j'ai déjà goûté des Pu Er qui me faisaient penser à l'alcool camphré de mon enfance, j'ai su que les théiers étaient entourés de camphriers, mais je ne savais pas qu'ils étaient anti-insectes.
ReplyDeleteça alors, j'avais écrit un commentaire ce matin, il a disparu.
ReplyDeleteje disais beaucoup de bien de cet article instructif et des chouettes photos qui l'accompagnent.
ça donne vraiment envie d'aller crapahuter dans les montagnes à thé du sud de la Chine...
merci de nous faire partager ton périple !
Merci pour vos commentaires encourageants.
ReplyDeleteA propos des camphriers, je ne me suis pas trop penché sur la question mais dès ma prochaine excursion (c'est a dire demain!), je me renseignerai. Sur certains Tai Di, on peut voir des arbres espacés de quelques dizaines de mètres, cela a surement a voir avec la protection. Si vous pouvez identifier les arbres sur les photos, je serais ravi de mettre plus d'infos.
C'est difficile d'identifier un arbre d'après une photo. D'autant plus que les connaissance botaniques des éspèces exotiques me manquent cruellement. Cependant une sélection des arbres intéressants pourrait se faire par rapport à l'odeur qui se dégage de l'arbre/fleur/feuille.
ReplyDeleteExtrait wikipédia sur le camphrier :
"C'est un arbre de taille moyenne, de 15 à 25 m de haut, à feuilles alternes, entières, coriaces et persistantes. De forme générale ovale, elles sont longues de 10 cm environ et dégagent une forte odeur de camphre au froissement..."
-> froisser les feuilles permet le dégagement d'une odeur, une première identification.
Je profite de ce post pour soumettre un idée qui m'est venu à la lecture de ton dernier commentaire sur le blog de Sébastien
http://vacuithe.blogspot.com/
"Tu peux aussi essayer un blend. Par exemple un thé d'YI Wu, assez sucré: deux tiers. Le Bulang de Nada: un tiers. Le blend maison, c'est très rigolo! "
L'idée est la suivante : Quelles sont les caractéristiques gustatives principales suivant les régions.
Yi Wu -> sucré
Vieux théiers Bulang -> amer
Voilà en vrac quelques idées qui me viennent à l'esprit. Mais que cela n'influence pas ta manière d'écrire et tes propres idées d'article.
Merci pour ce "en direct de Chine"
Je reviens justement d'un village où il y a beaucoup de camphriers. Les habitants en cueillent les fruit et les font sécher pour la cuisine.
ReplyDeleteEn ce qui concerne les caractéristique de chaque région, c'est vraiment un gros travail. Je pense qu'on pourrait définir une bonne trentaine de zones différentes. Ainsi, dire Yi Wu ou Bu Lang, c'est déjà assez vaste.
Décrire un Pu Er me parait assez compliqué, chaque personne ayant un palais et un vocabulaire différent.
Pour m'entrainer a reconnaitre les terroirs, j'infuse plusieurs thés en parallèle, en notant intérieurement les différences.
Comprendre le Pu Er est difficile car il n'est pas évident d'isoler un seul paramètre. Pour comparer les régions, ils faut avoir des thés de la même année, même récolte, même qualité. J'irais même jusqu'à dire produit par la même personne vu que chaque producteur de galettes a son propre palais. Il faut aussi être sûr de ce que l'on boit, il y a beaucoup de fausses origines ou de mélanges, surtout pour les terroirs prestigieux.
Dresser un profil gustatif de chaque terroir est intéressant mais il faudra associer nos efforts et partager nos expériences.
Décrire les caractèristiques principales d'un pu'er en fonction de la région est assez difficile ici en Europe. La région n'es pas systématiquement indiquée par les revendeurs. Le blend est présent sur le marché. Sans compter les faux thés (ceux là on tache de les éviter).
ReplyDeleteJe pensais que sur place la chose aurait été plus simple. Mais d'après ce que tu exprime, je me rend compte maintenant de la grandeur de la difficulté. Tu souligne très bien "Pour comparer les régions, ils faut avoir des thés de la même année, même récolte, même qualité."
Et puis à bien y réfléchir, ce serait aussi apporter une conformité au Thé. Telle région c'est tel goût!
Je te souhaite de bonnes dégustations
Nicolas
PS : Je viens de me renseigner de la superficie du Yunnan (394 000km²) soit environ 72% de la France (547 030km²), sans les territoire d'outre-mer. Ca en fait des kilomètres...