Tuesday, September 21, 2010

You Le Shan, Long Pa

     You Le Shan est une des six grandes montagnes à thé, c'est la plus proche du Mékong (appelé Lancang Jiang en chinois). C'est aussi une montagne assez proche de Jinghong: une heure trente de bus seulement. Elle n'est pourtant pas aussi accessible que Nan Nuo Shan. La géographie du Banna est assez tortueuse, il y a des chaînes de montagnes un peu partout, cela explique les nombreux micro-climats et la diversité de nos chers Pu Er.

     You Le Shan désigne une zone vaste de 75 km est-ouest et 50km nord-sud. N'imaginez donc pas une immense montagne avec plein de thé dessus. C'est plutôt des montagnes, des collines, des cours d'eau, des villages... Quand un endroit est à 10km à vol d'oiseau, cela peut signifier 30km par la route.


     A l'est de Jinghong, le gouvernement favorise les plantations de bananes et d'hévéas. Il n'y a donc pas tant de thé que ça et les champs sont éparpillés sur une vaste zone. Ce n'est pas de la production de masse.
Le latex est une production majeure dans le Xishuangbanna

     Cette zone est intéressante car c'est le seul endroit habité par les Ji Nuo: une ethnie rare mais virulente. En effet, cette minorité défend avec vigueur leur statut, ainsi, chaque village a deux noms officiels: le nom mandarin et le nom en langage Ji Nuo. La zone s'appelle You Le Shan en dialecte et Ji Nuo Shan en mandarin. 

     Je me suis rendu à Long Pa (Ya Nuo en mandarin), un  village très réputé localement pour son jardin à thé. Il est à quarante minutes de moto, à l'est de la ville principale. Les différences d'altitude sont importantes dans cette région. Il y fait beaucoup plus frais qu'à Jinghong.
Long Pa vu depuis le jardin a thé

     Les théiers sauvages poussent sur une grande colline, la pente est très importante, ce qui rend certains théiers difficiles d'accès. Les herbes sont moyennement hautes, on observe beaucoup de bambous et des arbres de taille moyenne.  Cette forêt semble peu entretenue, seul un petit sentier facilite les déplacements. Les théiers de You Le Shan sont issus d'une variété à grandes feuilles. Les tiges sont cueillies assez courtes.
Lors de ma visite, la mousson rendait le terrain très glissant

Certaines pentes sont très abruptes




     Je n'ai pas vu de Tai Di, il semble que tout le thé produit dans ce village soit issu de ce jardin naturel. De même, pas de pulvérisateur de pesticide dans les cours des maisons. Les théiers se reproduisent naturellement, ainsi, on observe de vieux arbres au tronc épais aussi bien que des buissons de quelques dizaines d'années.



Au pied de la colline



     Une partie du village apporte les feuilles fraîches à un atelier qui se charge de la manufacture. Cet atelier prend en charge jusqu'à une tonne de feuilles fraîches par jour. En début de printemps, il y a tellement de feuilles que le travail se poursuit jusqu'à minuit. Ils utilisent un gros Sha Qing Ji du Fujian, habituellement utilisé pour les Wulong. Une grande serre sur le toit de l'atelier assure le séchage. Un entrepôt est dédié au stockage du mao cha. Cette usine peut aussi presser des galettes.
Les cueilleurs apportent les feuilles a l'atelier


Les feuilles sorties du Sha Qing Ji doivent être aérées avant le roulage

     Le traitement en atelier assure un bon standard de qualité mais ne vaut pas un traitement à la main réussi. Ainsi, d'autres producteurs préfèrent manufacturer le thé eux même et vendent le mao cha directement aux acheteurs venus de Canton, Kunming ou Taiwan. Ce choix permet d'augmenter leurs revenus et d'être indépendant.

     Long Pa produit un thé puissant arômatiquement. L'odeur est assez caractéristique et reste longtemps en bouche. Un certain côté Yi Wu, il est intéressant de boire une gorgée et de se concentrer sur l'évolution des arômes dans l'arrière de la bouche. Ce n'est pas un thé très agressif, l'amertume est modérée.



7 comments:

  1. Vraiment sympathique ton petit voyage en Chine...
    J'imagine que tu dois goûter pas mal de thés au fil de tes rencontres, rien de tel pour lier les arômes avec les lieux que tu visites. Du coup quand tu seras revenu en France (si tu reviens :) tu auras des images plein la tête à chaque gorgée.

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  2. une question : tu n'es à priori pas très loin (moins de 100km, 50 si ça se trouve) du Laos, du Vietnam ou de la Birmanie et tu es dans les montagnes à puerh. Est-ce que dans ces pays voisins on en fabriquent aussi ? Le paysage ne change sûrement pas du tout au tout à la frontière, alors pourquoi pas du puerh Vietnamien par exemple ?

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  3. Un article extrêmement intéressant, comme les précédents d'ailleurs. Merci à toi de nous faire partager autant de belles et bonnes choses.

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  4. C'est déjà le 5ème article. A chaque fois je remarque l'extème verdure du paysage.

    La mousson favorise ce vert; l'humidité est-elle très présente de manière générale?

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  5. @Sébastien
    C'est sur qu'être sur place, c'est l'idéal pour apprendre le Pu Er.

    En Birmanie, il y a du Pu Er, au moins aux frontières, le problème est que la bordure avec le banna n'est pas sure. Les minorités ethniques (Bulang,Hani,Dai,Lahu) n'acceptent pas la domination de la junte militaire en place dans ce pays. Du coup, ils sont en guerre,ravitaillés par leurs confrères en Chine. Il y a souvent des escarmouches. Ensuite, les gens la-bas ne parlent pas chinois, ils utilisent le dialecte de leur minorité (proches du birman, du thai ou du lao).Enfin, mieux vaut ne pas se faire chopper par les gardes frontières chinois, le triangle d'or n'est pas loin et cette frontière est la porte d'entrée du pavot en Chine, je ne voudrais pas qu'ils me mettent dans un charter sans que je puisse récupérer mes précieuses galettes!

    Au Laos et au Vietnam, je ne sais pas trop.La frontiere du Vietnam est assez loin a l'est,le Pu Er est produit dans le sud ouest du Yunnan: Banna,Simao,Lincang et Dehong.

    @Nicolas
    Je pense que mon appareil photo est mal réglé, je n'y connais rien en photographie, j'ai un appareil bon marché, heureusement que la beauté des paysages rattrape le tout!

    Le jour ou j'ai pris ces photos, il pleuvait beaucoup, ca accentue surement. Si tu peux me donner des conseils pour remédier a cela, je suis preneur!

    merci a vous tous!

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  6. @Sébastien
    Je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils en photo. J'ai commencé à m'intéresser à cette discipline il y quelques mois; au début du blog.

    Mais, premier conseil, et je sais de quoi je parle... Lire la notice. J'aurais gagné du temps si j'avais connu les fonctions. La lecture de la notice peut être faite de manière ludique. On trouve une fonction, on la met en application, sous tous les angles. Puis une autre.

    Deuxième truc :la luminosité est le principe de base. Jouer avec les temps de pose (attention pas bouger). Jouer avec le réglage de la luminosité sur l'appareil (si cette fonction existe).

    De toute les manières que on soit doué ou pas; avec un bon appareil ou pas. Il faut jouer avec l'appareil photo et le sujet que tu veux capturer. Et puis "mitrailler un max" sur 100 photos prises, seules 5 ou 10 te plairont vraiment. Il y aura une série "second choix". Le reste c'est poubelle.

    Autre chose; le logiciel de retouche d'image. Il existe photoshop en payant et GIMP2 en gratuit (téléchargeable). Excellent pour recadrer, jouer avec le contraste, la balance des blancs, etc. Mais si ta photo à la base est peu flatteuse tu n'en tirera pas grand chose. Ce genre de logiciel est un plus.

    En souhaitant que ma modeste expérience puisse t'aider ne serait-ce qu'un peu.

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  7. Merci pour tous ces conseils, je vais essayer de les appliquer dès mon prochain voyage. Il fait un sale temps sur Jinghong, si demain il fait beau, je vais faire un tour.

    Euh,la notice.. je crois que je l'ai jetée! De toute façon elle était en chinois et en caractères traditionnels en plus.
    A bientôt!

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