Thursday, September 16, 2010

Jing Mai Shan

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     Jing Mai n'est pas dans le Banna. C'est une montagne un peu plus au nord-ouest, dans la préfecture de Simao (renommmée Pu Er il y a quelques années. Je préfère dire Simao pour éviter les confusions). Cet endroit est relativement facile d'accès depuis Menghai ou Lancang.


     La montagne principale de Jing Mai est habitée par les Dai: 200 familles vivent dans le village principal, presque au sommet, à 1700m d'altitude. C'est une très grande montagne. Plusieurs autres villages Dai y cultivent le thé.
Nuo Gan Zhai: un village Dai au bas de Jing Mai


     A 10 km de là se trouve une autre montagne importante: Mang Jing. Celle ci est habitée par les Bulang, présents dans la région depuis 1300 ans. Ils occupaient Jing Mai bien avant les Dai. Je ferai un autre article dédié à cette montagne plus tard.

     Que trouve t-on à Jing Mai? Du thé, beaucoup de thé. La zone occupée par les théiers sauvages est assez grande. Environ 600 hectares. La concentration de théiers sauvages est très forte, c'est la première fois que j'en vois autant. Cet endroit est assez singulier, le climat est différent des autres montagnes. On se croirait presque dans une forêt européenne. Le sommet de la montagne forme un plateau. Il n'y a donc presque pas de pente, ce qui rend très facile les déplacements.


     Question biodiversité, on trouve beaucoup de mousses, des fougères... Peu de hautes herbes: pas besoin de défricher le terrain. Il y a beaucoup d'arbres de taille moyenne et surtout quelques arbres titanesques. Je suis toujours impressionné par ces monstres de matière végétale. Ils sont aussi un support pour beaucoup d'autres plantes qui viennent s'y greffer et une véritable ville pour les animaux qui y habitent. Le gouvernement a interdit la coupe des arbres dans cette forêt, c'est un espace naturel protégé.
Admirez la taille de cet arbre par rapports aux bananiers sauvages!

Mousses et lichens sont les bienvenues sur les vieux théiers


     Les abeilles adorent faire leur essaim au sommet des arbres dans les branches. Il peut y en avoir plusieurs dizaines sur un seul arbre. Le miel sauvage est d'ailleurs un met de choix à Jing Mai. La récolte est assez facile. Il faut juste faire attention aux immenses toiles que des araignées tissent entre les théiers. Celles ci participent surement à la défense de l'arbre contre certains parasites. On ne les mange pas à Jing Mai, ici, On préfère les serpents des rivières. Bouillis, frits ou en grillade?
Ces insectes contribuent a la protection de l'arbre


     Les plus beaux théiers se trouvent sur le sommet. Mon contact à Jing Mai m'a emmené dans un endroit où les théiers atteignent les dix mètres de haut. Cependant, la plupart des arbres sont taillés de sorte qu'ils gardent une taille acceptable pour la cueillette. La plupart de ces vieux arbres font  trois ou quatre mètres. Comme toute autre forme de vie, les théiers se reproduisent,; de nombreux arbres plus jeunes côtoient les anciens. A Jing Mai, on les laisse vieillir avant de les récolter. Il semble difficile d'estimer l'âge des théiers. Les théiers sauvages poussent plus lentement que les théiers de plantation. Leur vie est plus lente...


Il faut marcher un peu pour trouver de tels arbres


     Il y a deux variétés de théiers à Jing Mai: feuilles moyennes et grandes feuilles. Elles ne sont pas séparées lors de la récolte. Elles semblent pousser de la même façon. Vous pouvez constater en regardant une galette de Jing Mai que les feuilles sont assez petites et que les tiges sont récoltées assez courtes.

     Un peut plus en aval, on trouve du Shen Tai et du Tai Di Le Shen Tai est dans un environnement similaire à celui des vieux théiers. C'est aussi du théier sauvage, mais plus jeune. Là encore, certains jardins naturels ont quelques arbres centenaires. Tout est question de proportion. Le sommet de la montagne a une majorité de vieux arbres. Cela se ressent dans la tasse: plus de caractère, plus d'amertume, plus de puissance. Les arômes du Shen Tai sont comparables à ceux des vieux arbres mais avec quelque chose en moins. Cela dit, c'est très buvable, c'est d'ailleurs la majorité de ce qui est bu sous l'appellation Gu Shu, Qiao Mu ou autres Ye Sheng Shu.

Un Shen Tai exemplaire

     Jing Mai a aussi beaucoup de Tai Di. Quand une montagne acquiert une certaine renommée, le Tai Di arrive très vite. A Jing Mai, il n'est pas très écologique. Peu ou pas de biodiversité, il pousse sur des collines dénudées.
Trop peu de biodiversité pour ces Tai Di


     Le gouvernement local prévoit de certifier bio une partie de ces plantations. Mon ami m'explique que d'ici vingt ans, beaucoup de ces théiers deviendront du Shen Tai. Je vois en effet que sur certains champs, on plante des arbres et on enlève une partie des théiers. Une bonne initiative qui n'aura d'effet que dans plusieurs dizaines d'années. La culture du thé se planifie à long terme. Si on veut augmenter la production de Gu Shu, il faudra attendre cent ans. En gros, les producteurs actuels travaillent pour leurs petits enfants. Un Tai Di ne donnera pas de thé acceptable avant trente ou quarante ans. Les jeunes Tai Di sont surtout destiné à faire du Shu Cha (Pu Er cuit) ou entrent dans les mélanges des grandes manufactures.
A Ban Gai Zhai, on a la tête dans les nuages

     En ce qui concerne la manufacture, le Sha Qing Ji est de rigueur dans la plupart des familles. C'est un investissement assez profitable puisqu'il garanti un certain standard. Peu de chance d'avoir du thé invendable avec cette machine et moins de travail le soir. Cependant, le résultat ne vaut pas un Sha Qing manuel réussi et certains producteurs essaient de valoriser leur thé en travaillant à la main.
Modèle de Sha Qing Ji très répandu dans le Banna



     Le roulage est effectuée en machine. Le séchage est effectué en extérieur ou en serre. Certains considèrent que sécher le Gu Shu en serre n'est pas l'idéal. Dans ce cas, ils prennent en compte la météo et ne récoltent pas s'il va pleuvoir le lendemain. Certains producteurs moins consciencieux mettent le thé à l'abri dans leur maison quand il pleut. Le thé est alors contaminé par les odeurs domestiques. Toutefois, cela reste rare à Jing Mai: globalement, la manufacture est bien faite.
Ces serres permettent de secher le thé plus rapidement et sans souci de météo

     Le thé de Jing Mai n'est pas donné mais cela se justifie par de bonnes pratiques agricoles, un environnement assez unique et surtout, les jolies filles Dai qui récoltent le thé. Les deux variétés de théiers présentes apportent un certain équilibre au thé de Jing mai. Le Gu Shu est amer, moyennement astringent, particulièrement aromatique. Il ne reste pas longtemps en bouche comme un Yi Wu, ni dans la gorge comme un Bulang. Non, le Jing Mai, il est plus du genre à exploser dans la bouche.


Bonne route!


4 comments:

  1. encore un super article, bravo et surtout continue !!!

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  2. Je comprend très bien pour des raisons économiques la présence de Tai Di; quoi que je préfère le Camélia Sinensis comme tu nous le décrit en haut de la montagne.

    Il serait judicieux que l'équilibre entre culture récente et anciens arbres soit respecté. Sinon la réputation de Jin Mai perdrait de sa crédibilité. Ce qui à long terme ne serait pas économiquement viable.

    Je suis un peu comme Idéfix, le chien d'Obelix qui pleure quand on coupe un arbre :-)

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  3. @Nicolas

    La plupart des producteurs ont conscience de la valeur de leur vieux théiers. D'ailleurs, beaucoup de jeunes restent dans les villages pour cultiver le thé, ils comptent bien gagner leur vie en produisant du thé.

    Cela dénote avec les autres endroits ou les jeunes préfèrent aller travailler a la ville.

    Je suis assez confiant quant a l'avenir de ces vieux jardins. Concernant les Tai Di, il y en a de plus en plus. J'espère qu'il y aura une compétition pour améliorer la qualité de ces plantations.

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  4. "Une compétition pour améliorer la qualité de ces plantations"

    Tous le monde trouverait un bénéfice, producteurs et consommateurs; à avoir de la qualité.

    Enfin, c'est facile pour moi d'écrire dans ce sens. Je suis derrière un clavier, à des milliers de kilomètre de la Chine.

    Merci William de nous faire partager un peu de la réalité quotidienne de ces producteurs.

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