Lao Ban Zhang

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   Lao Banzhang est un village très célèbre. Il est assez reculé, une centaine de familles habite là-bas. Il appartient à la ville appelée Bulang, pourtant bien lointaine. Ce village est habité par les Hani. Il est assez difficile d'accéder à Lao Banzhang. Les deux routes qui y mènent sont en mauvais état, s'il pleut, il faut attendre que la route sèche. Si vous êtes à Menghai et que vous voulez entretenir la conversation avec un vendeur de maocha, vous pouvez lui demander s'il est possible de se rendre à Lao Banzhang aujourd'hui. Certains vont vous dire que c'est impossible, d'autre protestent et disent qu'avec leur 4x4 ils y vont quand ils veulent. S'en suivra un long débat sur Lao Banzhang...

Le cœur du village

    Lao Banzhang était un village comme les autres quelques années auparavant. Après la production d'une galette issue de ce terroir par la manufacture de Menghai, ce village a bénéficié d'une notoriété extraordinaire. Le prix du maocha de Lao Banzhang est sans commune mesure.


    Parlons d'abord des théiers, après tout, c'est ce qui compte le plus. Il y en a beaucoup à Lao Banzhang. Quelques uns poussent dans le village mais la plupart se trouvent dans une forêt peu dense, à environ un kilomètre. L'environnement ressemble fortement à celui de Hekai, cette autre montagne n'est d'ailleurs pas très loin. On trouve beaucoup de bambous et d'arbres moyens. Le sol est très dégagé, il est très facile de se déplacer dans ces champs de théiers.
 

    Par endroits, on trouve une forte concentration de grands arbres aux troncs très épais, dans d'autres, des théiers taillés, petits mais qui semblent assez âgés, comme on en trouve à Yiwu. Enfin, on peut apercevoir ci et là quelques jeunes Tai Di, visiblement plantés très récemment. Ces jeunes arbres restent en nombre minoritaire par rapport à la quantité de grands théiers.

 

    Il semble que l'on trouve trois variétés de théiers à Lao Banzhang: petites, moyennes et grandes feuilles. Comme il me prend une folle envie d'un thé, je me met à cueillir des bourgeons et à les manger. Même dans des feuilles non traitées, le Huigan est très puissant. Cette sensation agréable descend lentement dans ma gorge et m'accompagnera durant toute la visite.

    Surprise! Certaines feuilles sont particulièrement amères. Seulement sur quelques arbres. Il y a des arbres à Ku Cha sur Lao Banzhang. Il semble y en avoir assez peu. Même pas un sur cinq. Cela dit, il faudrait gouter plusieurs dizaines de feuilles pour avoir une statistique fiable, une autre fois, peut-être...


    On trouve aussi beaucoup de Tai Di qui poussent en dehors du village, le long de la route. De nouvelles plantations semblent aussi en cours de développement.

    Passons maintenant à la manufacture. A Lao Banzhang, Chen Sheng Cha Chang, la troisième plus grande manufacture de Menghai a construit un atelier de traitement. Selon les habitants de Lao Banzhang et des villages alentours, environ la moitié des familles apporte les feuilles fraîches à l'atelier. Les autres font eux même la manufacture. Dans le village, on peut voir des Sha Qing Ji et des Wok en bon état et du thé sécher. Compte tenu des revenus des habitants, les maisons ont toutes de belles infrastructures et des serres de séchage. On peut présumer que le thé est très bien manufacturé.

    Ce jour là, j'étais accompagné d'un ami venu de Jingmai pour voir les méthodes de manufacture. Nous avons été fort mal reçus à l'atelier de traitement et ils ne nous ont pas laissé entrer pour voir leurs infrastructures et semblaient très peu enclins à répondre à nos questions. C'est bien la première fois qu'on me refuse l'accès à manufacture. Les méthodes de traitement sont-elles si secrètes à Lao Banzhang?

Chen Sheng Cha Chang

    Je suis presque toujours bien accueillit dans les villages. Ici, il semble que les villageois prennent leur nouvelle richesse très au sérieux. Personne ne nous a invité à prendre un thé. Ce village est décidément très singulier.

Les maisons poussent plus vite que les théiers à Lao Ban Zhang

    Autre phénomène navrant, les villageois étendent le village. Ils veulent des maisons gigantesques. Comme il n'y a pas de place, ils grignotent du terrain sur la forêt de théiers. Heureusement qu'ils en ont beaucoup...

    Face à notre déception, mon ami et moi décidons de quitter le village et de nous rendre à Banpen: un village Lahu situé à quarante minutes de marche. Très étrange: à la sortie du village, des habitants de Banpen attendent auprès de sacs de mao cha. Sur la route, nous croisons plusieurs pick-up chargés de mao cha qui se rendent à Lao Banzhang. Il semble bien qu'à la nuit tombée, du commerce bien louche se fasse entre les habitants de Banpen et de Lao Banzhang...

Lao Banpen, un village Lahu

    Peut-on trouver une galette dont les feuilles proviennent à 100% de Lao Banzhang? La question reste entière. Il est évident que le mao cha vendu par les habitants peut provenir d'autres endroits. Dans l'atelier de traitement, la provenance des feuilles est aussi mise en doute. Des habitants de Banpen avouent à demi-mots que du thé issu de leurs jardins entre dans l'usine. Cela dit, ils ont eux aussi intérêt à discréditer Lao Banzhang. Beaucoup de rumeurs circulent et il est difficile de faire ressortir la vérité. Pour ma part, je préfère admirer ce spectacle de loin en buvant des thés d'autres régions.

Lao Banzhang en arrière plan, vu depuis la montagne voisine

    Si, comme moi, vous adorez les grandes lectures genre Astérix, je vous conseille de lire « Le domaine des dieux ». Cela résume à peu près la situation de Lao Banzhang.

    Comme je ne suis même pas certain d'avoir bu un vrai 100% Lao Banzhang, je ne me prononcerait pas sur le goût de ce thé. Si un jour je veux boire du Lao Banzhang, j'irai moi-même cueillir les feuilles. Certains vendeurs procèdent d'ailleurs de cette manière et vendent leur thé à prix d'or. Je souhaite très fort que Lao Banzhang tombe dans l'oubli et que les prix dégringolent. Après tout, ce n'est peut être qu'une histoire de mode...